Dans notre précédente lettre nous avions développé une approche d’aide à la décision pour répondre à
la question “rente ou capital”, pour la sortie des avoirs de prévoyance de votre deuxième pilier.
Dans cette édition nous développons nos vues sur l’approche à utiliser pour organiser la gestion de vos
capitaux, ceci tant pour les actifs issus de la prévoyance que pour l’ensemble de votre patrimoine
mobilier.
En effet, placer son argent requiert rigueur et discipline, même si vous en confiez la gestion à un tiers. Et
ceci est particulièrement pertinent dans les phases – inévitables – où les marchés financiers connaissent
une importante instabilité, à l’instar d’aujourd’hui.
C’est dans ces moments que les émotions prennent souvent le dessus sur la discipline dont doit faire
preuve tout bon investisseur, avec à la clef des décisions qui peuvent être désastreuses sur les
rendements à long terme de votre portefeuille.
- Commencer par bien définir votre profil de risque
En finance les “free lunch” n’existent pas ! La règle est toujours la même : pour une attente de rendement élevée correspond un niveau de risque également élevé. Si quelqu’un vous promet autre chose, évitez-le, car il s’agit soit d’un incompétent, soit d’un escroc.
La construction de votre profil est fondamentale. Il sera déterminant pour la performance et les risques
encourus pour votre dossier, plus que n’importe quel autre choix d’investissement qui sera pris à l’avenir, notamment ceux touchant à la sélection des titres et aux éventuels changements tactiques d’allocation entre classes d’actifs.
Dès lors, votre premier travail sera de définir votre profil “stratégique”, c’est-à-dire la structure de vos
placements à long terme. C’est un exercice auquel se livrent toutes les banques lors de l’ouverture d’une
relation et qui débouchera sur une grille d’allocation entre actifs à risque et à rendements élevés
(typiquement les actions) et placements plus “tranquilles” (typiquement les obligations d’Etat).
Dans les Banques, ce profil est généralement établi sur la base d’un questionnaire qui combine des
éléments factuels (par exemple, l’horizon temps) avec des éléments émotionnels (typiquement “quelle
est votre réaction en cas de baisse brutale des marchés ?”)
Chez Impact-FE nous considérons que cette approche n’a pas suffisamment de profondeur compte tenu
de l’importance de bien définir votre profil. Nous lui préférons une analyse fouillée des besoins de
financements futurs de l’intéressé, réalisée dans le cadre d’un plan financier détaillé. - Choisir entre gestion active et gestion passive
Précisons tout d’abord que “gestion passive” signifie une approche qui réplique, plus ou moins, la
composition des indices de références dans votre portefeuille. Par exemple, un portefeuille en actions
suisses sera doté d’une très grosse proportion d’actions Nestlé, Roche et Novartis, car ces titres sont
des poids-lourds du Swiss Market Index.
Par “gestion active” on entend une approche où votre gérant sélectionne des titres sur la base de ses
réelles convictions d’investissements avec, bien entendu, l’objectif de générer un rendement supérieur
avec celui des indices de référence.
Ce choix pose également des questions plus philosophiques : voulez-vous financer l’économie à travers
les mécanismes des marchés financiers ou vous contentez-vous d’un rôle de “suiveur” ? Souhaitez-vous
avoir une approche sociale et environnementale plus active (à travers l’application de critère ESG) ? etc.
Si vous sélectionnez la gestion passive, vous veillerez particulièrement aux coûts afférents à votre
portefeuille (y compris les frais cachés), car répliquer un indice de référence n’a que peu de valeur.
Pour la gestion active le principal critère à analyser est le talent de votre gérant : ce dernier doit pouvoir
vous démontrer la qualité de ses processus, la rigueur de son approche et sa capacité à générer de
bonnes performances après frais, qui sont naturellement plus élevés qu’avec une approche passive. Pour
cela il faut utiliser un horizon temps long. Au minimum 3 ans, idéalement 5 ans.
Enfin, évitez la gestion “semi-active”, hélas retenue par bon nombre de banques. Vous allez y payer des
frais élevés tout en limitant vos chances de “battre” les indices de référence. Le pire des deux mondes,
en somme.
3. Soyez patients
Un horizon temps long pour juger de sa performance de gestion est mère de toute discipline
d’investissement.
Et ce commentaire s’applique dans deux dimensions : l’horizon-temps pour juger de la performance de
votre portefeuille dans son ensemble (car elle dépend du timing initial des investissements), et l’horizon temps nécessaire pour juger de la performance de gestion de votre gérant (car elle est tributaire de la
“mode” qui règne sur la Bourse à un moment donné).
La Bourse baisse toujours bien plus vite qu’elle ne monte. C’est à ce moment que vos émotions négatives
prennent le dessus car il n’est jamais agréable de voir son capital s’évaporer. Le cycle est généralement
le suivant : dans les premières phases de la baisse vous restez dans une zone de confort (et votre
banquier aussi), mais lorsque la baisse se prolonge votre inconfort s’accroit (et celui de votre banquier
aussi). Si la baisse se prolonge vous finissez par “craquer”, souvent au pire moment.
À ce moment, vous vendrez toute ou partie de vos actions et choisirez un profil beaucoup plus défensif
(voir carrément une autre Banque), avec pour résultat le fait d’avoir “pris vos pertes” et d’ensuite adopter
une stratégie de placement qui nécessitera des décennies pour retrouver vos capitaux d’antan.
Vous pensez pouvoir retourner à la Bourse “au plus bas des marchés” ? Très rares sont ceux qui ont un
tel talent, sachant que les plus fortes hausses s’observent généralement dans les premiers jours d’un
renversement de tendance.
Dans le cas d’une approche de gestion active, il n’est tout simplement pas possible de générer un
rendement qui est chaque année meilleur que celui des indices.
Plus précisément, plus votre gérant utilise une approche basée sur ses convictions, plus le risque est
grand qu’il soit “très en retard” sur l’indice pendant une période donnée. L’important est la performance
de long terme et pas la performance sur un ou deux trimestres !
Dès lors, choisir un gérant actif implique de bien analyser ses processus, ses résultats (à long terme) et
sa discipline de gestion, avant de prendre la décision de travailler avec un établissement donné. Et
ensuite il faut se tenir à cette décision, sauf changement structurel qui justifierait une réallocation vers
d’autres partenaires.
4. Supervisez dans la durée
Rien de tel qu’un point régulier avec votre banquier pour vous assurer du bon suivi de vos affaires.
Au-delà des points sur l’évolution des marchés, leurs perspectives, les performances ou encore les
transactions effectuées, il faut notamment contrôler régulièrement les éléments suivants :
Votre gérant reste-t-il fidèle à la stratégie promise ? S’il tourne comme une « girouette » (ou si le
personnel change), vous avez choisi quelqu’un qui n’a pas la discipline requise. Tirez-en les
conséquences !
Si votre compte est de plus en plus assorti de fonds de placements ou de produits structurés c’est souvent
un signal à analyser de près, car de tels véhicules d’investissement tendent à améliorer les marges pour
la Banque, mais pas nécessairement la performance de votre dossier. N’hésitez pas à demander des
explications et à faire calculer un TER (“Total Expense Ratio”), qui doit comprendre les frais prélevés
dans les véhicules sous-jacents.
Pour toute question n’hésitez pas à nous contacter à contact@impact-fe.ch .